Château Palmer est un puzzle de compétences, de cépages, de personnalités. Depuis quatre ans, le domaine est découpé en cinq îlots, des parcelles que les équipes retrouvent d’une saison à l’autre, apprivoisent avec le temps, l’expérience et l’enracinement. À chaque entité, son escouade dédiée, son vigneron « référent », son humour et ses humeurs, ses types de taille et sa récolte. Des profils riches et variés qui ont en commun d’avoir traversé une année mouvementée, pluvieuse, peu ensoleillée, menacée par le gel et le mildiou. Une année « sans été », répètent souvent les vignerons, qui ont appris à composer avec les caprices du climat. « En février, nous étions en T-shirt ; en avril, nous portions des bonnets ». La météo aléatoire n’a pas épuisé leur enthousiasme ni entamé leur force de travail, où se mêlent précision, vigilance et amour de la terre.
Boston-Boulibrane
Par amusement et par fierté, Jonathan lui a donné le surnom de « cercle polaire ». C’est l’îlot le plus excentré et le plus sauvage de Château Palmer, une enclave destinée aux mains solides et aux âmes téméraires, capables de braver le froid et de couver une jeune vigne indocile de cabernet-sauvignon plantée il y a seulement une vingtaine d’années. En 2017, le gel avait condamné la récolte. Depuis, l’équipe de choc menée par Stéphanie a affiné sa stratégie pour sauver les parcelles du danger : éoliennes de secours contre le gel tardif, arsenal de bougies allumées pour la première fois cette année, pulvérisations régulières de tisane sur la vigne... Avec Teddy, l’ex-étudiant en archéologie et passionné de biodynamie, cette brigade de vignerons mi-secouristes mi-aventuriers apprécient la récompense de travailler dans un cadre unique, boisé, à proximité de la bergerie. Un lieu à part, terre de défi, donc de promesses.
Les 40s-50s
Une vingtaine de parcelles scindées par une voie ferrée, où pousse principalement du merlot, ainsi qu’un peu de cabernet et de petit verdot. Ce dernier est plus tendre et facile à tailler que les autres, mais aussi plus sensible à l’humidité, dans un contexte où l’on peut « traverser quatre saisons en une journée », résume Marie. Avec Kyllian, le duo a accueilli un nouveau venu cet hiver, Bruno, qui, à quarante ans, découvre le travail collectif, l’esprit Palmer — « pousser chaque détail à fond ! » —, et s’émeut du spectacle quotidien de la biodiversité. « Ici, la nature se recharge, on le sent, l’herbe est dense, parcourue d’insectes, parfois de serpents. Je préfère voir des animaux que des tracteurs. C’est primordial pour l’avenir de nos enfants. »