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Palmer & vous

Franck Puigcerver

Vigneron
Château palmer, Margaux
Engagé fin 2017 à Château Palmer, ce médocain de Listrac affiche près de vingt ans d’expérience. Passé de la viticulture conventionnelle à la biodynamie aujourd’hui, il incarne à lui seul le virage que prend toute une profession…

Comment êtes-vous venu aux vins ?

J’avais envie de bon air. Après neuf années enfermé dans une cabine de scierie à débiter du bois à longueur de journée, les grands espaces me manquaient. En 2000, un collègue m’apprenait qu’un château voisin cherchait à former des vignerons-chauffeurs : j’ai postulé. Pendant plus de 17 ans, j’ai pu apprécier la richesse de ce métier. On ne fait jamais la même chose. D’autant plus que je m’occupais à l’occasion des jardins du domaine…

 

Comment êtes-vous arrivé à Château Palmer ?

L’expérience rentrant, j’avais envie d’un château plus prestigieux. L’âge avançant aussi, je recherchais un terroir plus confortable. Par temps de pluie, sur les sols argileux de Listrac, on récolte facilement un kilo sous chaque botte ! J’ai envoyé un CV à Château Palmer. Ils m’ont donné ma chance. Restait à se former. Avant je désherbais, je rognais pour faciliter le passage des machines, je traitais aux produits chimiques au point d’en être recouvert… 

Justement, à quoi ressemble votre quotidien ? 

Chaque matin, notre groupe de cinq vignerons part à la tâche. En ce moment, nous sommes en pleine taille Poussard (taille simple). Qui plus est sur une parcelle de jeunes vignes que nous avons commencé à former l’an dernier. Un travail particulièrement intéressant à mes yeux, car il demande pas mal de réflexions, pour sélectionner les bonnes branches, apprécier la vigueur du pied… Demain, nous acanerons. Il est aussi question de nous former prochainement au greffage manuel. Pas de monotonie, je vous l’ai dit ! Sans parler de la météo et de ses caprices. Mais bon, ils font partie du contrat : tout vigneron doit les accepter et, au besoin, se motiver en attendant des jours meilleurs.

«Aujourd’hui, je laisse les brebis s’occuper des mauvaises herbes, je tisse des ponts entre les vignes pour optimiser leur pousse, je prête attention aux lunes… »

Vous avez des loisirs ?

Oui, grâce à mon fils ! Plutôt que d’attendre les bras croisés que ses cours d’arc se terminent, je m’y suis mis, quatre années durant. Au point d’être sélectionné pour les championnats de France à deux reprises, dans la catégorie chasse. Viser une cible le long d’un parcours dans les bois réclame de la concentration. J’apprécie ce type d’effort. En revanche, je ne suis pas un amateur de vins comme bon nombre de mes collègues. Je n’en bois pas. Sauf quelques rares occasions. Comme lors de la visite du château organisée après mon recrutement. Elle s’est achevée sur une dégustation de Château Palmer 2014. Du velours. Un souvenir marquant.