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Palmer & vous

Château Palmer : Rencontre, Alexis Bardinet, Mastering, Audio

Alexis Bardinet

Ingénieur de mastering
Bordeaux
Il révèle un projet musical, « passe LA couche de vernis qui lui donne sa patine finale ». À partir d’un mixage d’enregistrements, Alexis Bardinet travaille l’agencement des morceaux, les nuances de chaque titre et la cohérence de l’ensemble.

Çà et là, le voilà qui atténue un souffle, augmente la chaleur des graves, abaisse la présence d’une voix, chasse les petits bruits…, pour mieux conformer le son à la sensibilité de l’artiste. À savoir Youssou N’Dour, Jean-Louis Murat, les BB Brunes, Michel Legrand, Ibrahim Maalouf, Yaron Hermann ou encore Archie Shepp Quartet pour Hear Palmer 2016. Rien que ça…

Château Palmer : Rencontre, Alexis Bardinet, Mastering, Audio

Comment êtes-vous venu au mastering ?

Par atavisme. De retour à Bordeaux, mon père, jazzman, a ouvert des studios. La musique a bercé mon enfance. Au point de m’initier à la batterie, au piano…, puis aux sons eux-mêmes et à leur enregistrement. Leur technicité et leur part d’ombre m’attiraient. La passion était là. Plus forte que la crainte d’en être écœuré si j’en faisais mon métier. Le pire conseil que l’on m’est donné d’ailleurs. S’en sont suivis un diplôme d’ingénieur du son à Paris, diverses expériences en mastering, puis la création à Bordeaux de notre propre studio, Globe Audio Mastering.

Quelles satisfactions vous apporte cette discipline ?

Elles sont multiples. À commencer par la pérennité de l’œuvre masterisée. J’aime l’idée que l’interprétation d’une matière brute, en l’occurrence des enregistrements, demeure dans le temps, que cette retranscription d’une sensibilité artistique nous survive. Tout cela, en opérant des choix assez subjectifs sur des micro-détails, à l’aide de machines totalement ésotériques. Je passe ainsi des heures à chasser le dissonant...

Château Palmer : Rencontre, Alexis Bardinet, Mastering, Audio

« En mastering, les nuances sont chaudes, froides, dures, acides…, tout comme peuvent l’être les vins. Sans parler de l’absence de vérité absolue. Dans ces deux domaines, il n’existe pas une seule façon de faire. À sa manière, chacun oscille entre émotion et raison, sens et technique. »

Alexis Bardinet, Ingénieur de mastering, Bordeaux

 

Château Palmer : Rencontre, Alexis Bardinet, Mastering, Audio

Les parallèles avec l’univers du vin semblent nombreux…

Bien sûr ! Le vigneron interprète lui aussi, un terroir, une année donnée. Ses cuvées lui survivront, à leur tour, certainement. Le vocabulaire est également similaire. En mastering, les nuances sont chaudes, froides, dures, acides…, tout comme peuvent l’être les vins. Sans parler de l’absence de vérité absolue. Dans ces deux domaines, il n’existe pas une seule façon de faire.

À sa manière, chacun oscille entre émotion et raison, sens et technique.

Quel est votre rapport au vin ?

Celui d’un amateur. Je déguste. Je me documente aussi. Ces histoires d’assemblages me fascinent. Parmi les vins que j’apprécie, se trouvent les Pessac-Léognan et Graves, auxquels mon père m’a initié, mais également les Bourgognes blancs et quelques curiosités d’ailleurs. La soif de découvertes me guide. Tout comme le contexte. Des amis proches, un bon repas, un événement particulier… influent votre perception du vin, qu’il soit grand ou petit. J’ai ainsi pris autant de plaisirs à savourer, en voyage de noce, des vins chiliens sur des viandes argentines, qu’à déguster un Cheval Blanc 1989 pour l’anniversaire de ma mère ou découvrir le zinfandel en bonne compagnie. J’en ai d’ailleurs regoûté depuis : dans d’autres circonstances, l’émotion était partie… Le souvenir de l’Alter Ego 2006 partagé avec les équipes de Palmer après le concert au chai du Archie Schepp Quartet, lui, reste gravé. À jamais.